L'ANXIETE CHEZ LE CHIEN

 

par France Yorel - photo: banque d'images CELSIUS Prod

 


 Le chien aime la routine.

 

Tout ce qu’il connaît le rassure et les nouvelles situations peuvent être source de stress pour lui.

 

C’est la raison pour laquelle un éleveur averti habitue ses chiots à une multitude de stimuli afin de produire des chiens équilibrés.

 

Mais la bonne volonté d’un éleveur, digne de ce nom, ne suffit pas toujours.

 

J’ose penser, et cela n’engage que moi, que le psychisme du chien possède des similitudes profondes avec celui de l’humain.


Une femme anxieuse pendant sa grossesse laisse un héritage anxieux à son enfant.

Pourquoi n’en serait-il pas de même pour une chienne ?

 

On sait que les humains transmettent leurs angoisses de génération en génération, inconsciemment, par des regards, des paroles, des non-dits.

 

Une chienne frustrée, peureuse, angoissée, transmet également toutes ses peurs à sa progéniture.

 

C’est tellement évident !

 

A moins d’adopter le bébé de notre chienne, nous ne connaissons jamais son hérédité psychique.

Un chien au lourd passé a du mal à s’adapter aux nouvelles situations et il faut de la patience, de la compréhension, et beaucoup d’amour, pour arriver à lui faire accepter la vie que nous lui imposons.

 

Parce que le véritable problème est là : ce chien, si proche de nous, ce chien qui vit à nos côtés, eh bien, ce chien partage également nos angoisses et nos problèmes.

 

Qu’on le veuille ou non, nous sommes responsables, pour une part du moins, de ce que nous transmettons à notre chien.

Cela peut être par manque de savoir-faire ou, plus inconsciemment, de savoir-être,  mais également parce que la vie humaine est une vie compliquée.

 

Nous avons voulu le chien au plus proche de nous.

 

Nous l’avons déraciné et nous lui imposons notre vie à cent à l’heure pleine de règlements.

Il n’est pas toujours prêt à l’accepter malgré tout l’amour qu’il nous porte.

Son port d’attache, c’est nous !

 

Et son port d’attache le laisse bien souvent tomber en le laissant seul… imaginons son angoisse !

 

Dès lors, pour toutes ces raisons, notre chien peut souffrir d’anxiété de séparation.

 

Je le pense et le redis, le chien est un animal sociable qui possède des similitudes psychiques avec l’humain.

 

Le bébé humain souffre, lui aussi, d’anxiété de séparation.

 

Vers huit mois, il découvre qu’il est une personne à part entière et il commence à distinguer les différents visages.

 

Il croit que la personne qui s’occupe de lui n’existe plus quand elle quitte la pièce et cela se traduit par de l’anxiété.

 

L’autonomie, l’indépendance  d’un être humain s’acquièrent avec le temps.

 

Le chiot, lui, est très proche de sa mère et a souvent une nombreuse fratrie.

 

Imaginons son angoisse quand on le retire à sa famille canine pour le projeter dans un lieu qu’il ne connaît pas !

 

Il s’attache très vite à une personne de référence, en général celle qui s’occupe le plus de lui.

 

Le chien est comme l’humain : il a besoin d’amour pour vivre.

 

On sait que les nourrissons cherchent le regard de leur maman pour y trouver  la tendresse et l’amour.

 

Parfois, le regard convoité n’est pas au rendez-vous, pour de multiples raisons,  (drame familial, stress post-traumatique, violence conjugale) et le bébé refuse de s’alimenter.

L’anxiété du nourrisson provoque alors encore plus d’anxiété chez la maman, anxiété que le bébé ressent de plus belle et il peut, par ce cheminement psychique, devenir anorexique.

 

L’amour est indispensable au bébé humain autant qu’il l’est pour le bébé chien.

 

Les regards, les postures, sont autant d’éléments capitaux, pour le chien qui communique de cette façon.

Une chienne trop jeune, par exemple, est rarement capable de guider ses chiots comme il se doit.

 

Quand un bébé humain pleure dans les bras d’une personne étrangère, en général, on ne fait pas durer le supplice et on le replace dans des bras connus avec des paroles douces apaisantes.

 

Hélas, pour nos amis les chiens, nous sommes moins compréhensifs.

Ce chiot, qui vient d’arriver chez nous ou ce chien adulte que l’on vient d’adopter, n’a pas souvent la chance d’éveiller notre compassion et notre patience.

 

On abandonne souvent notre nouvel ami dans notre foyer, en attendant de lui qu’il patiente sagement jusqu’à notre retour…

 

Seul au monde !

 

Il ignore que l’on va revenir !

 

Comme le bébé humain de huit mois, il pense que nous n’existons plus.

 

Le théoricien et psychologue Jean Piaget parle de la « permanence de objet » dans ses recherches sur les petits enfants.

 

Le bébé pense qu’un objet ou qu’un autre être n’existe plus quand il est hors de la vue.

C’est la raison pour laquelle les bébés s’attachent à un « doudou », cet objet transitionnel.

Mais les parents ne sont jamais loin, et il est fini le temps où on laissait les enfants pleurer d’angoisse pour « forger » leur caractère ou ne pas en faire des enfants capricieux.

 

On peut tenter de donner un doudou avec l’odeur de sa mère à son chiot, mais ce  sera rarement suffisant.

Parce que, contrairement aux nourrissons qu’on ne laisse jamais seuls très longtemps, l’humain n’obéit pas aux pleurs du chien, car l’humain est « vraiment » hors de portée.

 

Le secret pour apaiser un chien, c’est de ne pas l’abandonner trop longtemps dès le lendemain de son adoption, et lui montrer peu à peu qu’il peut se sentir bien, même hors de notre vue.

 

Pourquoi un chien a-t-il besoin de repères ?

 

Le chien cherche toujours son plaisir et son bien-être.

Il le trouve dans le jeu, dans l’action de manger, dans ses rencontres canines, et bien sûr, dans la relation avec son maître bien-aimé.

Le plus difficile pour lui est d’imaginer la permanence de l’objet comme le fait un humain.

 

D’ailleurs, en est-il capable ?

 

Le petit de l’homme assimile vite le jeu de cache-cache. Ses parents dissimulent leur visage sous une serviette et le ressorte avec un « coucou » joyeux, ce qui fait rire le bambin aux éclats.

Avec un chien, on peut jouer à cache-cache dans la maison. 

Il éprouvera de la joie à nous retrouver et cela peut l’habituer à nous voir disparaître puis revenir.

 

Mais ce n’est pas suffisant…

 

Comment faire ?

 

Notre foyer est trop vaste pour notre nouveau chien.

 

Il a besoin d’un coin à lui, où il se sentira en sécurité.

Ce coin doit lui apporter du réconfort et il doit y accomplir des expériences positives.

Si nous le punissons dans son panier, il va l’associer à du négatif et il ne s’y sentira jamais en sécurité.

Apprenons-lui à apprécier une pièce de la maison.

Jouons avec lui dans cette pièce, installons-y son panier, donnons-lui à manger dedans.

Caressons-le dans cette pièce, donnons-lui des friandises.

Habituons-le à rester seul dans cet endroit, une minute au début, puis de plus en plus longtemps.

Le but étant qu’il se sente en sécurité dans un lieu, sans nous.

 

Mais il n’y a pas de recette miracle, et l’on peut affirmer sans se tromper qu’il y a autant de formes d’anxiété que de chiens.

Chaque cas est unique, chaque chien a son passé, son présent et son avenir.

On n’a aucun pouvoir sur le passé, mais on peut travailler au présent pour changer l’avenir.

Son avenir ainsi que le nôtre.

Parce que nous partageons sa vie et qu’il partage la nôtre.

 

Des dizaines d’ouvrages écrits par des vétérinaires et des comportementalistes existent sur le sujet, et les cas graves méritent d’être suivis par des professionnels de l’éducation canine.

 

Pour les autres cas :


Faire du mieux que l’on peut, et aimer son chien, c’est déjà beaucoup, non ?

 

 Dans le cadre de cette étude sur l’anxiété chez le chien, #CCWAF prod a initié un sondage avec la question suivante :

« Votre chien souffre-t-il d’anxiété ? »

 

Les résultats sont les suivants :

 

- 41% souffrent d’anxiété selon les situations

- 39% sont zen

Nous avons recueilli des témoignages de propriétaires de chiens souffrant d’anxiété :

 

Sadie a sauvé un rottweiler:

 

« Gringo souffrait d’hyper attachement au début de son sauvetage. Il détruisait se mutilait...était pris de crise de panique…

Avec beaucoup de travail, ça va mieux. Il ne peut pas rester seul mais il arrive à rester avec mon fils, sans soucis. »

“ Ca se vit, l'anxiété, ça vous rentre de partout, ça vous pénètre, et plus on se démène, plus ça fait mal.

                       JF Somcynsky

 Des propriétaires de chiens trouvent des stratégies pour limiter l’angoisse de séparation :

 

Annabelle :

« Fleurs de Bach, une solution qui fonctionne très bien sur les émotions de nos compagnons. »

 

Madjouline :

« Un peu d'anxiété, mais dans des situations particulières, vétérinaire par exemple. Comme astuce : félicitations, câlins doux et plein de récompenses en fin de consultation. J'essaie d'apaiser au mieux, avant et pendant,  tout en Félicitant dès qu'elle se relâche un peu. »

 

Sadie:

“je vais mettre mes chaussures une heure avant de partir.

 Je ne prends pas de sac à main. Même quand je reste à la maison, je prends les clés de la voiture ...en fait je fausse tous ses repères.”

 

Sandie :

 « Ici aussi, faux départ.

J’arrive à 13 min de solitude sans stress.  Au-delà, l’angoisse prend le dessus.

 Six  ans que je bosse dessus, mais pas tellement d'amélioration... le vetérinaire m’a vendu un collier apaisant. »

 

 

Nouméa :

 « Oui elle pleure ! Elle fait le loup. On lui donne des jouets qu’elle n’a pas quand on est là, des friandises… elle ne détruit pas. J’ai pensé aux fleurs de Bach mais pas encore essayé »

 

Zozo a un lourd passé. Il a été abandonné dans un sac poubelle quand il était tout petit et sa mère a disparu.

 

Sandie explique :

« Zozo souffre d’hyper attachement.... dès qu'il ne me voit plus, il entre dans une angoisse de fou. J'ai réussi à le calmer avec de l’homéopathie parce c'en était arrivé à de l’auto- mutilation, hurlements et destruction totale des portes.... 

Je dois consulter un vétérinaire spécialisé pour cette pathologie, voir ce qu'on peut faire, car j’ai usé toutes mes cartes naturelles. J'ai vu aussi cinq  ou six comportementalistes. Lors de mon séjour à la maternité,  il ne s’est pas nourri pendant cinq jours. »

 

Liline :

« J'ai les deux ! Un super anxieux et un tout zen, enfin, très énergétique, mais pas d'anxiété, juste de l'énergie…cela c'est un peu atténué mais pas tant que ça, après j'ai surtout vu la différence avec l'éducation positive, c'est surtout elle qui m'a donné les outils pour comprendre ses stress et l'apaiser en fonction »

 

 

© CELSIUS Prod, SABAM2019