LES TARES CHEZ LE CHIEN DE RACE

 

par France Yorel - photo: banque d'images CELSIUS Prod

 

 


Les éleveurs qui prétendent que leurs chiens n’ont aucune tare sont, soit des éleveurs débutants, soit de mauvaise foi.


N’importe quelle portée peut subir une tare.


Une tare est  une maladie d’origine génétique que l’on retrouve chez certaines races.


Beaucoup de progrès ont été faits dans le domaine de la génétique et celle-ci est désormais au service des éleveurs.


Grâce à la génétique, on peut prouver des filiations et dépister des maladies transmissibles.


On peut même prédire la couleur des futures portées !

Les tests sont réalisés à l’aide d’un frottis buccal chez le vétérinaire.


La recherche génétique se concentre sur les maladies spécifiques connues.


On ne recherche pas une  dysplasie de la hanche chez une race qui a peu de chances de la développer.


Pour éradiquer les tares, les éleveurs ont le choix de se concerter. Le propriétaire du mâle reproducteur devrait toujours être informé que la portée issue de son chien présente des défaillances.


Malheureusement, ce n’est pas souvent le cas à cause de la perte de revenus que cela engendre. Tous les chiens en âge de se reproduire devraient passer des tests génétiques, mais la découverte d’une tare remet en question la bonne gestion de l’élevage et il est plus facile de  mettre sa tête dans le sable, car une fois la tare révélée, l’éleveur ne peut plus dire « je ne savais pas ».


Les éleveurs ne sont pas les seuls responsables de l’augmentation des tares. Le public a sa part de responsabilité.


Il suffit qu’un film sorte avec un chien mignon à croquer ou qu’un influenceur montre la bouille de sa dernière conquête canine pour que le public s’enflamme au cri de « je le veux ! »


La demande exponentielle pour certaines races expose forcément à des abus.


Pour éviter que les trafiquants de chiens d’origine des pays de l’Est ne sautent sur l’occasion et ne  développent des chenils clandestins, les autorités françaises ont durci la réglementation. Les chiens vendus en animalerie sont également désormais interdits.


Mais le comble dans cette affaire est que les instances les plus reconnues tendent à fabriquer elles-mêmes les tares.


Les chiens reproducteurs sont choisis soigneusement mais leur physique prime parfois sur leur santé. On veut des chiens aux yeux bleus, des chiens aux couleurs improbables. On raccourcit les museaux, les faces, on courbe le dos ou la queue. Les voies respiratoires sont modifiées, la colonne vertébrale courbée, les fonctions cardiaques sont altérées. Certaines races comme le bulldog ne peuvent plus naître que par césarienne, une complète aberration !


On en arrive à de telles dérives que près de 600 maladies génétiques ont été recensées sur les chiens de race. Les croisés ne sont pas épargnés, puisque par définition, ils ont pour origine des parents de race inconnue ou pas.


Et que penser des chiens dits de « type », vendus par des éleveurs qui ne prennent pas la peine de signaler et de faire perdurer les origines de leurs reproducteurs !


On pourrait revenir en arrière  et refaire des croisements  moins contre-nature, mais les fédérations  sont attachées à la perfection physique de leur standard.  La Société Centrale Canine n’a d’autre choix que de recommander les tests de dépistages génétiques.


Pourtant, les tests génétiques ont leurs limites, car les faire systématiquement revient à réduire le nombre des reproducteurs et à favoriser la consanguinité, ce qui n’est guère mieux !


L’ humain joue à l’apprenti sorcier avec ses chiens, et là, il est vraiment allé trop loin !


© CELSIUS Prod, SABAM2021