PAROLES DE CHIEN

 par France Yorel

Photos: banque d'images CELSIUS Prod

 

 

Je ne suis qu’un chien mais j’aimerais te parler de chien à homme.


Je t’observe, je t’écoute, toi mon maître, et je pense pouvoir affirmer que je te comprends bien.


Toi,  tu t’obstines à me donner des ordres courts comme « assis » ou « pas bouger » , mais je suis capable de comprendre bien plus… sauf quand j’ ai envie de te désobéir, bien sûr.


C’est que j’ai mon petit caractère, et, comme toi, je suis doué d’intelligence.


Mais la plupart du temps, j’aime te faire plaisir. J’aime tellement te faire plaisir que ton état émotionnel déteint sur moi.


Quand tu es triste, je suis triste.


Quand tu es joyeux, je le suis aussi.


Tu t’occupes de moi, tu es mon bienfaiteur et je t’en suis reconnaissant. Je t’aime de tout mon cœur, et je n’aspire qu’à être avec toi… tout le temps.

Mais tu sais, la vie à tes côtés n’est pas toujours facile. Parfois tu cries et cela me terrorise.


Ce que j’aime par-dessus tout, c’est partager du temps avec toi :  nous balader ensemble, jouer dans le jardin, nous câliner.


Je suis sûre que tu m’aimes, mais tu n’es pas toujours attentif à mes besoins et à mon bien-être.


Il y a certaines choses que tu ignores, comme par exemple, ma façon d’aboyer,  différente selon la situation. C’est compliqué pour un humain d’apprendre le langage des chiens !


Et puis, il y a le langage du corps. Les chiens communiquent par les mouvements de queue, la posture, la langue, le retroussement des babines … et notre langage est universel.


Tiens, parlons-en du retroussement des babines !


Tu dis de moi que je suis un petit roquet hargneux, mais si tu observais bien les chiens que l’on rencontre, ce n’est jamais moi qui cherche la bagarre le premier. Tu ne t’aperçois jamais que celui d’en face relève sa babine discrètement pour me provoquer. Alors moi, je fonce ! D’ailleurs, l’autre maître ne voit rien non plus, c’est toujours moi que l’on  accuse.


Pfftt ! Comme vous êtes ignorants, vous les humains !


Sais-tu aussi, qu’en tant que chien de petite taille, je rêve plus souvent mais moins longtemps que les grands chiens ?


Sais-tu que j’éprouve de la jalousie quand, de la fenêtre, je te vois caresser le chien du voisin ?


Il arrive que tu sois mécontent de moi par manque de compréhension à mon égard, comme  par exemple,  quand je me sers sur la table. Mais  le problème est que je n’éprouve pas de culpabilité, j’ignore ce que c’est. Tout ce que je sais ressentir, c’est la peur, la tristesse, la joie, mais sûrement pas les sentiments de nature sociale inventés par les humains.


La morale, le bien et le mal, je ne sais pas ce que c’est.


J’ai envie d’être le chien parfait à tes yeux et tu dois me guider pour le devenir. C’est ton éducation qui fait de moi ce que je suis. Tu me traites parfois de « chien stupide » alors que c’est toi , le mauvais professeur !


Tout ce que tu m’obliges à faire peut avoir des conséquences que tu n’imagines même pas.


Je vais te donner un autre exemple de maladresse dont tu fais preuve :


Lors de nos balades, quand on rencontre un autre chien, tu tires sur ma laisse, levant ainsi mes pattes du sol. Pour l’autre chien, je suis dans une posture d’attaque !


Tu imagines le nombre de copains que j’ai perdus à cause de toi ?


Malgré ton ignorance et toutes tes maladresses, je ne t’en veux pas, car je suis une bonne pâte et que je suis heureux avec toi.


Cela fait  du bien de remettre les points sur les i, mais en fait, si je veux être honnête, j’ai surtout pris la parole pour te dire que je t’aime de tout mon cœur et que  et je t’aimerais toute ma vie.


© CELSIUS Prod, SABAM2021