LES CHIENS N'ONT PAS LA COTE

DANS LE LANGAGE FRANCAIS

 

par France Yorel - photo: banque d'images CELSIUS Prod

Le chien est considéré comme une sale bête à travers tous les âges et toutes les civilisations.


Il existe des dizaines d’expressions contenant le mot « chien » qui prouvent l’aversion des hommes pour cet animal. Rares sont celles où le chien est loué.


Aujourd’hui, sur le vieux continent, le chien a regagné la place qu’il mérite et c’est tant mieux, mais en France, nous employons toujours ces expressions péjoratives.


Elles sont transmises de génération en génération, et comme le chien considéré comme animal de compagnie n’était pas le modèle le plus courant autrefois, ceci explique cela.

Ne dit-on en Belgique de quelqu'un qui a le contact facile qu'il dirait bonjour à un chien avec un chapeau ?

Le chien, à l’instar de tous les autres animaux, avait une fonction utilitaire et quand il tombait malade, on le laissait crever dans la rue ou dans les champs, d’où les expressions « malade comme un chien » et « avoir un mal de chien » appliquées aux hommes gravement atteints.


Nous avons recensé pour vous une compilation d'expressions contenant le mot chien, suivies d’une brève explication.

Nom d’un chien !  

Date du moyen-âge. Juron employé pour éviter le blasphème « nom de Dieu »

Tu n’es qu’un chien!

Expression injurieuse, le chien étant un moins que rien. L'emploi de la négation renforce le mépris.

Avoir du chien

C’est avoir un petit quelque chose en plus. Une des seules expressions non

péjoratives.

Origine : expression du dix-neuvième siècle destinée principalement aux femmes un peu canailles comme un chien de compagnie peut l’être. Une expression non péjorative dont la rareté s’explique par  le fait que les chiens de compagnie étaient uniquement réservés à la Haute Société de l’époque.

Avoir une vie de chien

Avoir une vie malheureuse

Origine : le statut du chien n’est enviable que depuis peu sur le vieux continent. Autrefois, le chien avait une fonction utilitaire et n’était jamais récompensé. Il dormait dehors, était battu et devait se contenter de quelques restes ou d’un bout de pain comme nourriture.

S’entendre comme chien et chat

Ne pas s’entendre du tout

Origine : dans l’inconscient collectif, les chats et les chiens sont toujours ennemis.

Avoir un métier de chien

Avoir un métier ingrat

Ce n’est pas fait pour les chiens

Se dit d’une chose tout-à-fait utile.

Ce n’est pas fait pour les chiens

Se dit d’une chose tout-à-fait utile

Si on invente ou on fabrique quelque chose dont on ne se sert pas, cette chose finira par appartenir au pire qui soit « le chien », ce qui est inconcevable pour l’auteur de cette expression.

Exemple : « Mange une pomme, ce n’est pas fait pour les chiens ! »

La rubrique des chiens écrasés dans un journal

La rubrique peu intéressante réservée aux débutants. Un chien écrasé ne mérite pas l’attention que l’on prête à l’actualité.

Se regarder en chiens de faïence

Se regarder avec méfiance

Origine : autrefois sur les cheminées, des petits chiens en faïence étaient placés face à face.

Mener une vie de chien

Avoir une vie difficile, misérable

Arriver comme un chien dans un jeu de quilles

Arriver au mauvais endroit au mauvais moment.

Origine : date du XVIII ème siècle. Le jeu de quilles était très populaire. Un chien qui arrivait dans le jeu provoquait une catastrophe.

 

Se coucher en chien de fusil

Se coucher sur le côté.

Origine: fait référence à une pièce du fusil nommé le chien.

Garder un chien de sa chienne

Se venger en temps voulu

Origine : date du dix- neuvième siècle. Donner un chien de sa chienne est un cadeau empoisonné tant le chien est mal considéré.

Les chiens aboient, la caravane passe.

Un homme sûr de lui ignore les critiques.

Origine  arabe : dans le désert, les caravanes de chameaux passaient, imperturbables, malgré les chiens des campements nomades qui aboyaient après elles.

Faire un temps de chien

Faire un sale temps, une météo épouvantable.

Origine : autrefois, quand la grêle ou les fortes pluies s’abattaient, tout le monde se mettait à l’abri, sauf les chiens qui restaient dehors.

Avoir l’air d’un chien battu/avoir le regard d'un chien battu

Définition : avoir la mine déconfite d’un chien que l’on bat.

Origine : les chiens malheureux ont la particularité d’afficher un regard triste, un dos courbé, une queue basse.

Les chiens ne font pas des chats.

On hérite des qualités de ses parents. On ressemble bien à ses parents, dans le sens de la mentalité essentiellement. Faire le même choix professionnel que ses parents ou avoir les mêmes aspirations.


Avoir l’air de la chienne à Jacques

Définition : Être mal habillé

Origine : viendrait de Jacques Aubert (19 ème siècle). Sa chienne malade avait perdu tous ses poils et Jacques la protégeait du froid à l’aide de vieux chandails. Mais peut également venir du mot « jaque » qui est un ancien manteau dont on revêtait les lévriers pour la chasse au sanglier.


Bon chien chasse de race

Définition : hériter des qualités de ses parents

Origine : la race regroupe les personnes d’une même lignée, d’une même classe sociale, exactement comme pour les chiens.


Chien-assis

Définition : Désigne une lucarne qui équipe les toits à faible pente. Ne pas confondre avec le chien couché qui est une lucarne équipant le toit dans le même sens que celui-ci.

Origine : par analogie, se réfère à la forme d’un chien assis.


Chien-chaud

Définition anglaise : hot dog

Origine :  le terme « chien chaud » viendrait du teckel, chien courant chez les immigrants allemands candidats à l’entrée aux USA. Le chien « saucisse » aurait été  utilisé dans les sandwiches, boutade pour critiquer l’origine douteuse de la viande.

Chien de mer

Définition : désigne une espèce de requin de petite taille.

Origine du nom : on associe ce requin au chien, car il chasse en meute.


Avoir la chienne

Expression quebécoise synonyme de « avoir la trouille ».


Chien qui aboie ne mord pas

Ceux qui menacent ne sont pas les plus dangereux

Origine : un chien grogne toujours avant de mordre. S’il aboie, c’est avant-tout  pour prévenir.

Saucisson à pattes/chien saucisse

Définition: se dit des chiens à courtes pattes comme les bassets.

Origine : on dit du basset, qu’il servait de viande dans les hot-dogs, juste pour mettre en doute la qualité de la viande servie dans ces sandwiches.

le Chien-chien à sa mémère

Définition : les deux termes sont péjoratifs et désignent une personne qui se couche devant son supérieur.

Origine : une mémère est une femme mûre de forte corpulence et négligée. Le chien chien est un chien ridicule par sa petite taille dans l’imagination populaire. Associer les deux relève du mépris.Dans certaines régions de France toutefois, mémère est le doux nom donné à sa grand-mère et n’a rien de péjoratif.


D’une humeur de chien

Analogie au chien mal dans sa peau qui grogne et mord.

Fils de chienne

Définition : insulte pour dire à une personne que sa mère n’est qu’une chienne.

Origine : autrefois, (et aujourd’hui dans certains pays) le chien était méprisé.

Dent de chien

Définition : fleur ressemblant à un lys miniature.

Origine : le bulbe rappelle une canine recourbée de chien.


Parler à quelqu’un comme à un chien

Définition : Parler à quelqu’un avec mépris.

Origine : le chien, à l’instar de tous les autres animaux, était considéré autrefois comme une bestiole créée par Dieu pour servir les humains.  Il était chassé, battu et méprisé au plus haut point.


Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage

Définition : Trouver un prétexte pour se justifier.

Origine : date du XIII ème siècle. En vieux français :  « qui veut bon chien veut tuer, la raige li met seure. » Accuser son chien d’avoir la rage pour le tuer était un bon prétexte pour ne pas avoir à se justifier autrement.


Traiter comme un chien

Définition: maltraiter

Origine : autrefois, le chien était chassé, battu et méprisé au plus haut point.

Être mordu par un chien enragé.

Définition : être susceptible

Origine : la rage est encore  très répandue dans le monde et celui qui se fait mordre par un chien enragé a de multiples symptômes comme l’intolérance au bruit, des mouvements involontaires, de la fièvre, et il ne supporte plus personne.


Fou comme un jeune chien

Se dit d’un jeune pas très conventionnel, immature

comme le chiot pas éduqué

Un vieux chien ne jappe jamais en vain

Définition : se dit d’une personne qui a acquis la sagesse.

Origine : dans la croyance populaire, un chien acquiert de l’expérience en prenant de l’âge et n’aboie pas pour rien.



 

Ne pas attacher son chien avec des saucisses

Définition : se dit d’une personne avare , qui ne donne pas sa part aux chiens.

Origine : date du XIXème siècle. Attacher son chien avec des saucisses serait un gage de générosité, car le chien mangerait les saucisses et il faudrait lui en redonner sans fin.

Ne pas donner sa part aux chiens

Définition: ne rien céder de ses biens, être avare.

Origine: autrefois, on nourrissait les chiens avec les restes des repas.


 

Un chien regarde bien un évêque

Définition : Nul ne doit s’offusquer d’être regardé par une personne de petite condition.

Origine : Date du XVII ème siècle et est tirée de la phrase « une chèvre regarde bien un ministre et un chien dont moult il s’ébahit. » Autrefois, les gens pauvres devaient baisser les yeux devant l’évêque, mais leur chien, pourtant bien plus misérable,  ne se gênait pas pour le fixer.

Tuer le chien

« Allez ! On va tuer le chien ! » veut dire « On va déjeuner ensemble ».


Concerne les forestiers, les vignerons, ou les agriculteurs qui fêtent entre membres de leur communauté, la fin des travaux saisonniers.  L’expression est surtout usitée en Lorraine.

Origine : Très ancienne, d’une époque où en Europe, il n’existait pas de transmission par l’écriture. Il ne faut pas chercher à expliquer « tuer le chien » au premier degré, il ne s’agit certainement pas d’une mise à mort de l’animal et encore moins du fait de le consommer. On rapporte, par contre, que les anciens, ne sachant pas eux-mêmes d’où venait l’expression, ont instauré un rituel à la fin des travaux, menaçant leur patron de  tuer  l’un de ses animaux,  s’il ne les gratifiait pas d’un bon repas. Le cocasse de l’histoire, est qu’aujourd’hui encore, l’expression se transmet de génération en génération.

(source : ChristopheVOREU/libre expression/2006)